"Tout le système est corrompu !" : en Ukraine, la difficile lutte contre le fléau de la corruption
"Des vacances aux Maldives pendant que nos soldats se battent au front, c'est une trahison", dénonçait mardi 25 juillet, le président ukrainien Volodymyr Zelensky. Un député de son parti s'est pourtant offert récemment, sous prétexte d'un voyage professionnel, des vacances dans un hôtel de luxe de l'archipel paradisiaque. L'évènement est d'autant plus problématique que la loi martiale en vigueur en Ukraine interdit à tous les parlementaires et les fonctionnaires d'État de voyager à l'étranger, sauf motif impérieux. Une règle à laquelle se soumet d'ailleurs sans broncher Bogdan Yarmoenko. "Je ne peux pas rendre visite à mes proches qui sont réfugiés en Angleterre, souligne ce député, membre lui aussi du parti présidentiel. Je considère que cette restriction est juste. Bien sûr, ce genre de comportement [délictueux] de la part de parlementaires ou de ministres rompt la confiance des citoyens et ça brise l'unité nécessaire pour gagner cette guerre."
Plusieurs scandales depuis le début de la guerre
Alors que l'Ukraine continue de combattre les Russes sur le front, elle mène aussi une autre bataille en parallèle : la lutte contre la corruption. C'est une condition posée par l'Union européenne pour espérer un jour intégrer l'Europe. Depuis le début de la guerre plusieurs scandales ont éclaté. Le président de la Cour suprême a été arrêté en mai, soupçonné d'être impliqué dans une affaire de corruption portant sur 2,7 millions de dollars (2,5 millions d'euros), et pas plus tard que vendredi 11 août le président ukrainien a décidé de limoger tous les responsables régionaux de recrutement dans l'armée, l'un d'entre eux au moins étant soupçonné d'enrichissement personnel.
Si le gouvernement semble prendre en main le fléau de la corruption, il y a encore beaucoup à faire. "Le problème de la politique en Ukraine depuis le début, c'est que 80 % des personnes qui en font, ce n'est que pour l'argent, estime Anatoli Boïko. Il dirige Comité des électeurs d'Odessa, une organisation indépendante. Tout le système est corrompu !", dit-il.
"Aujourd'hui, il existe différents organismes pour contrôler la corruption, mais ils ne fonctionnent pas car il n'y a pas une réelle volonté politique de Volodymyr Zelensky pour que ça fonctionne."
Anatoli Boïko, responsable du Comité des électeurs d'Odessaà franceinfo
La corruption risque de reprendre de plus belle après la guerre. Au moment de la reconstruction, ce qui s'est déjà vu ailleurs, rappelle Hervé Hutin, professeur à l'université Savoie Mont-Blanc. "Dans les contextes post-conflictuels, les acteurs internationaux apportent des fonds gigantesques, détaille l'universitaire. Il s'agit d'une pluie de dollars et d'euros injectés, face à des capacités d'absorption des administrations en place très limitées. Que ce soit à Kaboul, à Kinshasa, à Sarajevo, en Irak, etc... On a vu les désastres ou les semi-succès de cette aide qui a été déversée sur des pays sans qu'on mesure réellement leur capacité à pouvoir la gérer."
Selon l'ONG Transparency International. L'Ukraine reste l'un des pays les plus corrompus d'Europe et se classe au niveau mondial au 116ᵉ rang sur 180.
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